Lanig Loïkrézon est né en 1983 à Kemper (oui, oui, comme les amplis !), ou plus précisément dans une étable entre Landrévarzec et Quéménéven. C’est probablement de là que vient sa passion pour les bœufs.
Note : dans la suite de ce texte, Lanig sera renommé Alain, parce que franchement Alain c’est plus facile à retenir, et qu’il y a les même lettres dans les deux noms… enfin à condition d’écrire le g à l’envers pour que ça fasse un a, mais c’est une pratique finalement assez courante chez les TeddyBeer.
Comme il grandit en Bretagne, il ne peut évidemment pas choisir une activité d’extérieur comme le ferait un enfant normal, genre le foot. Ainsi, à 10 ans, quand ses parents, Marie Guilvinec et Joseph Loïkrézon, lui proposent de l’initier à la musique (cromorne, bombarde, biniou kozh, veuze…), il flaire le plan pourri et préfère se tourner stratégiquement vers la guitare. Cet instrument hérétique lui promettait certes un avenir moins radieux, mais, les bas fonds des bars bretons sont bien plus à l’abri du micro-climat local. Pour se faire pardonner, il promet pour autant à ses parents de conserver toute sa vie une guitare accordée en BAGADD.
Son maître l’initie alors au Blues sur une guitare classique tandis qu’Alain travaille secrètement des plans rock sur un guitare électrique de récup. C’est cette dualité qui forge toute la subtilité de son jeu, et ses impros d’inspiration pure rock-Slash-blues. Dès l’age de 12 ans, il prend le rôle de lead soliste en tournée aux côtés de Metallica. À cet époque, l’internet en est à ses balbutiements, ce qui explique probablement que l’événement ait eu une retombé médiatique étonnamment limitée comparé à celle de Tye Trujillo 22 ans plus tard.
Malgré ce boycott de la presse traditionnelle, les spécialistes comprendront rapidement qu’Alain est au rock ce que Lionel Messi est au foot, ce qui lui vaudra un médiator d’or en 1996 et 1998, faisant de lui un des plus jeunes talents de Cornouaille.
Afin de peaufiner son oreille musicale (tout en détruisant son oreille physique), il fréquente de nombreux concerts. Il faut dire que le Hellfest étant gratuit pour les moins de 12 ans, et la Loire Atlantique étant accessible en poney, c’est un pèlerinage annuel qui s’impose. Marqué à vie par ces instants de sérénité mêlés de pur bonheur musical, il n’hésitera pas à traumatiser à son tour des jeunes enfants en les emmenant de force dans des studios d’enregistrement de groupes de Métal, je cite, « parce que c’est pour leur bien ».
Au delà du métal, il fréquente aussi une multitude de groupes, allant jusqu’à faire la groupie de Mick Taylor en le rejoignant backstage après ses concerts.
Véritable encyclopédie vivante, il connaît probablement tous les groupes actifs des quatre dernières décennies. Pour preuve, c’est le seul artiste en Europe à connaître les groupes dont parle Nicolas.
À 16 ans, ses parents essaient de le ramener à la raison en lui proposant de choisir entre une brèle et un Marshall. Tout individu ayant grandi dans la campagne profonde — ou pire, en Bretagne — sait qu’une brèle c’est la vie, mais Alain ne flanche pas.
D’un appétit féroce, il explique à lui seule l’absence totale du concept de Chinois à volonté dans le Finistère. Pour autant, doué d’une force mentale extraordinaire, il se retire en ermite deux fois de l’an, pour ne vivre que pain sec et d’eau, un breuvage qu’il évite tant que possible le reste de l’année.
Afin de continuer sa carrière musicale (tout en pouvant bouffer chinois…) il finit par s’exiler à Paris.
Libéré de la pression familiale, il développe un véritable addiction pour les instruments. Il installe dans son logement une pièce dédiée à la musique, et dissimule ses possessions un peu partout en région Parisienne. Où qu’il soit, il peut ainsi vous trouver guitare, ampli et pédales en moins de 12 minutes.
Malgré cette impressionnante collection, il poursuit toujours le rêve de posséder une vraie guitare : une Fender Telecaster.
Confronté au coût de la vie dans la capitale, il est obligé de se trouver un travail alimentaire, et en choisit un dans lequel il peut exprimer toute sa rage et sa violence. Ainsi libéré de ses démons, il s’initie au Jazz, parce que ça fait quand même bien sur un CV de gratteux, même si tout le monde sait que l’accord demi diminué ne sert strictement à rien sur une scène rock. Petit trivia d’ailleurs pour les fans absolus : Alain fait ses power chords avec le petit doigt. C’est un choix assumé puisqu’il préserve ainsi toute la sensibilité tactile de son annulaire.
Bref, après un passage à vide qui s’apparente à une petite mort musicale, Alain est ressuscité par le groupe TeddyBeer, rendant ainsi hommage à la légende du regretté Grand Guillaume.
La pression ? Évidemment ! Mais à condition qu’elle soit bien fraîche…