Nicolas, de son vrai nom Boris Nikolaï Sergey Lenormand, est à la musique ce que Leatherman est au bricolage. Autodidacte, il a appris à jouer de la guitare, et tout un ensemble de pseudo-instruments exotiques traditionnellement réservés aux artistes de deuxième classe : ukulélé, harmonica, platine de karaoké, piano, basse… C’est d’ailleurs en tant que bassiste que ce multi-instrumentiste décolle vers le sommet de sa carrière artistique en rejoignant la formation TeddyBeer.
Né en France, il incite ses parents à quitter le pays en 1977, lors de la sortie d’Hôtel California des Eagles, un véritable choc psychologique lui faisant perdre toute foi en dans la musique du « bloc de l’ouest ». S’en suit alors une série de déménagements ciblés : Berlin-Est (où il achètera sa première « guitare »), Ukraine, Tchécoslovaquie, et la Sainte Russie. Il baignera ainsi de nombreuses années dans ce pays adoptif et en goûtera intensément sa culture locale sous toutes ses formes. Il maîtrise ainsi plusieurs langues : anglais, allemand, russe, créole haïtien… et la rumeur prétend d’ailleurs qu’il arrondit ses fins de moins en effectuant des traductions simultanées de l’anglais vers l’espagnol.
Au-delà du rock, la musique l’a toujours bercé. On retrace ce goût à sa plus tendre enfance : son père écoutait en boucle un précieux 33 tours de la Traviatta par la Callas enregistré à la Scala de Milan en 1955, dont la qualité d’enregistrement rend malheureusement peu hommage à la performance artistique de la Diva. Son chemin musical s’apparente à une quête passionnée pour les voix exceptionnelles. On y retrouve donc naturellement Jul, Britney Spears, BB King, Gorillaz, et à peu près l’ensemble des chanteuses de konpa. C’est probablement cette quête de la perfection vocale qui explique la précision chirurgicale de ses « backings » vocaux qui signent dors et déjà une nouvelle marque de fabrique chez TeddyBeer.
En 2002, révolté par l’arrêt du Burger Quizz, il revend sa télé⁽¹⁾ pour une Télé⁽³⁾ et troque ainsi la passivité pour un nouvel outil de création artistique. Il se sépare aussi, non sans regrets, de sa première guitare — une guitare classique Trödel, table acajou Lamélécolé — qui est aujourd’hui exposée au musé « Easy Cash » de Levallois. Talentueux guitariste, mais très discret sur la scène musicale ces dernières années, il préparait en fait son « coming out » en tant que bassiste.
Habitué à manipuler les manches de grande taille, Nicolas est sans surprise devenu en peu de temps l’un des meilleurs bassistes de la région parisienne. Il est aussi très certainement le seul bassiste rock à savoir ce qu’est une tierce mineure, les bassistes rock s’arrêtant en général à la pinte juste.
Décidé à apporter sa touche personnelle à TeddyBeer plutôt que de copier sauvagement le regretté Mathieu, il a fait vœux de ne jouer qu’au médiator, au moins en public. Il sait jouer avec les doigts mais ne s’y adonne que dans la plus grande intimité. Ses groupies témoignent d’ailleurs de cet incroyable dévouement.
Enfin, en dehors de la musique, c’est un spécialiste de l’argile (et des blagues vaseuses), de la plongée en apnée (souvenez-vous du « grand bleu »), et de la philosophie des moines Zen.
Notes :
(1) : vision
(2) : y’a pas de 2…
(3) : Caster
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